10 Janvier 2010
Jeudi dernier; 06h, un beau soleil commençait à chauffer la journée quand on a quitté la marina en direction du nord Juste un petit crochet par une « zone sensible » pour en extraire Oiseau, la petite nièce de Geneviève . Les quelques carcasses calcinées et rouillées qui parsèment les parkings sont presque invisibles au premier abord tant l'œil est pris par les flamboyants en fleurs , les bâtiments fraichement repeints rose, orange, brique, et le vert de l'herbe et du reste de la végétation... Un contraste saisissant ! Samedi midi en rentrant, on y croisera un bus suivi de trois jeunes taggeurs en pleine action sur l'arrière de la carrosserie, capuche rabattue, mais je n'ai pas osé prendre le cliché...
Oiseau nous racontait déjà sa petite histoire , donnant des nouvelles des uns et des autres. Oiseau est la joie de vivre su pattes; ses yeux noirs intenses se doublent d'un sourire permanent dès qu'elle sort de ses rêveries. En ce moment, les enfants sont en grandes vacances, pour éviter les grosses chaleurs, et les salles de classes non climatisées,
La route jusqu'à Bourail ( 178 km) circule à une dizaine de km de la cote W (sous le vent). Deux voies, en bon état, peu de circulation, plutôt droite, si ce n'est une succession de montées descentes, au gré des vallonnements pelé qu'elle parcours. C'est monotone, gris, sec, aride. Il y a du « Bagdad café » dans ces paysages, on navigue entre des lignes de barbelés quasi ininterrompues, peu d' arbres, quelques vaches, quelques montagnes arasées à leur sommet dégoulinant d'un sang de terre rouge sur fond de terres grises de garrigues (les mines de nickel). D'énormes camions attirent parfois l'oeil, dévalant leur pistes, poursuivis de nuages de poussière, rouge également. C'est la richesse criante de la Nouvelle Caledonie: le NICKEL!
Seuls accès à la mer que l'on ne voit même pas : à 80 km de Noumea (une base nautique), puis ici, à Bourail. Tout le reste est propriété privée ( et Caldoche ) et mieux vaut ne pas emprunter les chemins que l'on voit à droite et à gauche, même si la barrière est ouverte, car les fusils sont à l'arrière des berlines , un argument qui ne se discute pas. Nous sommes en pays de chasseurs .
Ici, Un Caldoche, descendant d'une lignée de commerçants à bien voulu rendre ses terres accessibles ( un révolutionnaire ?) permettant de faire une superbe petite ballade qui débouche à 40m d'altitude sur la baie des tortues (il suffit d'attendre un peu pour en voir), et le bonhomme de pierre juste aux pieds.
C'est intensément rafraichissant après ces deux cent km de quasi désert ! Un petit chemin en pente raide nous ouvrira la récompense : la plage et trempette blues.
Les tortues viennent y pondre, certaines nuits, suivant saisons et lunes, le parcours doit être dur, car la plage est profonde , et pentue. Ces pontes sont contrôlées et protégées , en témoignent ces boites grillagées et datées , qui parsèment le haut de la plage, une douzaine actuellement. A l' état naturel, il faut savoir que , entre oiseaux (les frégates en particulier) et poissons, ce sont 90 % des jeunes tortues qui disparaissent dès leur premières heures de vie. Cette veille est donc très productive; même si elle demande beaucoup d'attention.
Peu de changements jusqu'à Koné (250 km de Noumea), c'est là que nous traversons l'ile pour rejoindre la cote au vent , à 78 km. Nous sommes en Province Nord, la route est montagneuse; sinueuse, heureusement ponctuée d'aires touristiques bien aménagées que l'on trouve tous les 20 30 km, c'est bien situé; mais il faudrait absolument revoir la collecte des poubelles qui débordent malheureusement (comme à Noumea), ce qui hélas aussi ne semble décourager personne d'y ajouter une dernière offrande ! J'en rage, mais heureusement le paysage est somptueux, et surtout porte le regard ailleurs, au loin, vers ces vallonnements infinis, et la mer tout au fond. La rivière; juste en bas présente une grande vasque naturelle qui conviendra parfaitement au dessert, les mangues étant partout autour. Oiseau nous fera cadeau d'une sieste .
Je crois que c'est aussi à partir de là qu'il devient coutume de se dire bonjour; un simple signe des doigts du conducteur, et carrément des « bonne Année » avec les passants, dont beaucoup d'enfants,vacances obligent. Je me croirais de retour sur l'ile de Serq, dans les anglos normandes. Quelques km avant d'atteindre la cote E, le paysage devient franchement vert, les espèces se multiplient , devenant forets. Puis on longe le lagon, me ramenant à des paysages plus Polynésiens: cocotiers, bananiers, des fleurs d'hibiscus, des monettes jaunes. L'air même à changé, on respire mieux.
Juste à l'entrée de Hienghen, un petit détour par le camping du « billet de cinq cent » : C'est gratuit, mais l'énorme lindéralique noir( oui, je sais ; ça surprend !) qui surplombe et mange la plage lui donne ce nom; car il est représenté sur une face du billet de 500 cfp (l'autre représente la baie de Cook à Moorea).
Depuis le passage de la « traversière » l'idée me poursuit que l'on a changé; non seulement de cote, mais également de monde: un blanc, aride et minier, pour un noir, végétal, et marin. La propriété très privée, les maisons individuelles parfois à l'extrême de l'hollywoodien m'astuvu, seules au sommet de collines pelées, comme d'anciens châteaux forts, contre les tribus que l'on voit annoncées aux bords des routes. Il s'agit en fait de villages, simplement régis par les lois coutumières (ou ce qu'il en reste) entourés de champs consacrés à une petite agriculture de vivrière. Une rivière proche permet en général l'essentiel de l'irrigation, et des radeaux de bambous permettent de la traverser facilement pour joindre les rives là où c'est nécessaire ( écoles, église, épicerie,bus). Cette impression de mondes différents et non connectés se ressentais déjà à Noumea, mais ici on en comprend mieux les origines, elle devient palpable. Cependant, il se pourrait , en se rapprochant de Noumea, que les jeunes se retrouvant en porte à faux entre une culture traditionnelle qui les étouffent un peu et les cotés brillants de la ville (musique, internet, bagnoles) soient peu à peu rejetés vers la délinquance qui transpire ici comme ailleurs de ces « zones urbaines sensibles » Une très jolie périphrase, qui faisait cependant hésiter à passer par Ouahilou et la traversière sud pour le retour !Bourail, cote nord ouest
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