07h, pas un souffle...
A table
Jean Luc, qui retape avec patience,
depuis quelques années un vieux ( 1965) voilier américain est
mouillé juste de l' autre coté de la baie.
Avant de quitter Moorea; je passais de
temps en temps voir l'avancement de ses travaux; à la marina de
Vaiaré , C'était une agréable manière de renouer avec les
bateaux, et l 'évocation d'anciennes ou futures navigations,
nous tenait parfois éveillés une partie de la nuit à parcourir le
monde et les mers du globe...
C'est là ( Baie d'Opunohu ) que je l'ai retrouvé avant
hier en cherchant mes vis au standard « impérial »
-« Je bosse actuellement à la
ferme de crevettes; c'est bien, car tout près; pas mal payé; et pas
prise de tête ! «
-Tu y fais quoi ?
-Relevés du taux d'oxygène,
nourrissage, et une fois par semaine récolte et vente, la seule
vraie journée...
-comment vous faites?
On place un filet et on vide le bassin
peu à peu en fonction des besoins, on ajuste ensuite à l'épervier.
L'épervier, et tu sais t'en servir ?
L'épervier est un filet à mailles
fines, de forme circulaire; d'environ 4 m de diamètre, dont le bord
est muni de petits plombs. Tout l'art. pour moi c'en est un,
consiste à réussir à le jeter sur la zone à pêcher de façon à
ce qu'il se déploie en un cercle le plus ouvert possible ; et
retombe sur l'eau le plus horizontal possible, les plombs entrainent
rapidement les bords du filet, enfermant les poissons qui ne savent
où s'échapper; il ne reste plus alors qu'à ramener doucement le
cordage qui relie le centre du filet au pêcheur, les plombs se
rejoignent en trainant sur le fond et referment la base du filet.
Cette pêche m'a toujours fasciné,
L'approche du banc de poisson doit se faire tout en douceur; ainsi
que le lancer; c'est comme une danse, le mouvement ensuite doit être
parfait.
Peut être de belles photos ?
Les bassins des trouvent au fond de la
baie d'Opunohu, tout le monde à Moorea les connais: deux Ha le long
de la route qui mène au belvédère; le circuit d'eau vient et
retourne directemrt dans la baie
Cette ferme est sans doute la première
au monde; construite autour des années quatrevingt par l'EVAAM
( Établissement pour la Valorisation des Activités Aquacoles et Maritimes) 'organisme public, elle est destinée à rechercher et développer les
possibilités d'aquaculture.
Vers 1995 l'ensemble est rétrocédé
au privé ; en l'occurrence deux anciens employés polynésien et
français.
Les bb crevettes et les géniteurs
viennent aujourd'hui de la presqu'ile de Tahiti; car c'est un secteur
plus technique et pointu, et avec le temps il est apparu idiot de
maintenir en double cette partie .
1kg de crevettes mature nécessitera 4
kg de nourriture
Le nourrissage dure 8 mois, et il
devient alors important de vendre, car au delà la crevette ne
grandissant plus, la nourriture entre alors dans les pertes de
production. D'où la nécessité d'une gestion rigoureuse des
quantités dans le temps.
La nourriture est bio et vient
d'Australie (sans ogm) les crevettes ne subissent aucun traitement,
et meurent gentiment dans l'eau glacée !
Le souci majeur, après les vols (qui
se sont calmés après de nombreuses nuits de veille avec une caméra
infra rouge et quelques plaintes) est le contrôle du taux
d'oxygenation des bassins spécialement la nuit quand la biosynthèse
s'inverse (les algues relâchant alors du gaz carbonique)
L'oxygenation est produite par des moteurs électriques montés sur
de petits pédalos et actionnant des hélices brasseuses.
L'ensemble des installations (y compris
les systèmes de pompes) consomme 300 000 fcp de courant par mois
(2800 eur )
Hélas, comme toute l'industrie
touristique; qui avoue 25% de baisse actuellement, celle ci est en
chute libre, car l'essentiel de la production alimente restaus et
hôtels.
2004, la dernière année de
progression permettait la production de 20 /22 t par an, et cette
année ne passera pas les 9 t . Vivant à Moorea je sais que c'est à
peu près à cette époque que mon activité à commencé à
décliner; doucement d'abord.
Le prix de vente est resté le même
cependant: 2500f / kg (23 eur) et C'est cher, très !
Mais je vous assure: absolument rien à
voir avec la crevette congelée de Nelle Calédonie, encore moins
avec celle de Madagascar !
Rien à voir également au niveau des
tailles d'exploitations, ( Mada: une des grosses usines emploie 600
pers payés 1eur/ jour, et possède 3 portes containers) ni surtout
des traitements subis (ça fait simplement peur!)
Et avec tout ça je retournerais
mercredi prochain pour, peut être, tirer quelques « éperviers »?
et confirmer que ces crevettes sont... Royales !
a ce prix là !
une expérience facile (dans le fond de votre évier) : tout comme les cyclones, ça tourne dans l'autre sens !
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