J5 05 juin
05 heures du matin, le moteur tourne encore depuis 00 h 30, Je m'
habitue a lui, et il me tient chaud aux heures froides de la nuit,
j'ai un bon 21 degrés dans le bateau. Le matin qui se lève ,dévoile
une autre journée grise, pour l'instant c'est fortement teinte de
bleu, avec un cercle de visibilité bien uniforme et sans doute
voisin de 1/2 mile, nettement au dessous de l'horizon habituel. Pas
la moindre risée , l' océan semble passe au vernis. Je vois plein
de méduses de la taille d'une soupière qui défilent le long du
bord.
Les pancakes, ce matin n'attendront pas longtemps, et l'odeur qui
parfume le bateau a déjà eu raison du premier café; Ce matin c'est
aux flocons d'avoine, quaker oats , avec son bonhomme déguise aux
joues roses, symbole pour moi enfant, de porridge anglais et pendant
de l'uncle ben's américain.
Petit tour sur le pont, qui confirme les premières impressions:
je tirerais donc mon premier bord vers la terre, pour éviter de
croiser les tankers de trop prés; encore que je n'ai toujours pas
entendu leurs sirènes, pas plus d'ailleurs que les orages annonces;
C'est sans doute que je deviens sourd !
Hier, encore une belle journée spinnaker, ce bateau est
remarquablement équilibré, car une fois trouve la bonne position de
barre , on peut facilement la bloquer et descendre se faire un café,
vérifier le gps ou rouler uns cigarette a l'abri du vent. J'ai
utilise pour la première fois les écoutes de petit temps, dont la
taille dériveur m'avait fait hésiter; Le résultat est très
intéressant; un air capable de déplacer une bulle se savon
permettra a la voile de se gonfler, c'est le bateau qui s'envole a
la suite, et le frou frou de l'eau au niveau de l' etrave c'est autre
chose que le claquement des voiles tendues qui est le lot inevitable
de l'attente du retour du vent.
Ces derniers jours ont étés difficiles au niveau gestion de
l'énergie du bord, imposants (?) beaucoup d'heures de barre: pas de
soleil, donc peu de rendement des panneaux solaires, et vents
faibles, portants ( dans le dos), donc pas d'éolienne non plus. Pas
question d' ouvrir l'ordinateur, sauf rapidement pour prendre une
décision sur les bords a tirer . Ceci dit, un logiciel simple et un
petit gps de base sont véritablement un mega plus au niveau sécurité
et facilite de vie, mais que les modes d'emploi, quand ils existent
sont mal faits, car beaucoup trop de fonctions restent a deviner?
Bon, je vais aller prendre l'air sur le pont, et faire un petit
ménage la haut, vérifier aussi comment se comporte le hale bas
hydraulique sous la bôme ; j'espère que ce ne sera pas trop long ,
mais je crois que comme pour le vit de mulet, l'articulation au
niveau du pied de mat est a refaire, car il y a beaucoup trop de jeu
pour une pièce mécanique qui supporte autant d'efforts . Un
classique palan, monte « en cascade » pourrait aussi
faire l'affaire, mais quant on a goute a ce système de bôme sans
balancine d'ailleurs il n'y a même pas de place pour en installer
une )... J'avais vu au boatshow de Seattle un système très simple
de support constitue par des joncs, (sans doute une variété de
plastique) .
J8 Samedi de l' arrivée
Encore beaucoup (trop) de moteur, des calmes et des petits airs
qui permettent royalement de sauter de joie des que l'anémomètre
frôle les trois noeuds; pour le reste, on s'arrête carrément : en
panne, ce que je pourrais faire en ce moment, mais je me suis engage
dans un timing d'arrivée ( courants, marees etc), et je n'ai pas ose
m'arrêter derrière le cap Reyes, dans la baie de Drake, qui avait
des airs de grand cratère lunaire splendide ( pour y fêter la
pleine lune); mais je redoutais d'avoir encore des autorités sur le
dos, et je poursuis donc le cheminement vers le pont ( golden gate!),
avec la brume qui se lève devant moi au fur et a mesure que le jour
progresse.
Vive le GPS, car sans lui je crois que je n'aurais pas
ose me lancer dans ces trente miles, avec le risque de se faire
enfermer dans le brouillard, avec des courants inconnus et la
proximité de la fameuse San Francisco Bar. Heureusement j'échappe
aux gros tankers par un petit chenal d'accès par le sud, resserve a
des tailles de bateaux plus humaines , (mais qui longe un potato
shoal a la réputation calamiteuse ! )
La nuit dernière a encore été peuplée de bruits divers, et
j'ai eu droit , enfin de voir, tout ce qui jusqu' présent n'étaient
restes que des impressions et suppositions, je crois avoir passe la
soirée, depuis le coucher de soleil au milieu d'une vraie ménagerie,
de ces petits oiseaux marins noirs au ventre blanc qui sont autour du
bateau toutes les nuits depuis une semaine, jusqu'aux dauphins, seals
et otaries, dont les aboiements ( en verlan) se répondent, des plus
proches que je discerne a 10 m jusqu'a sans doute l'horizon. Ils me
font penser aux chiens de nos campagnes.
Mais le plus
impressionnant, ce sont les baleines, encore assez loin au couchant,
elles se sont rapprochées avec la nuit, peut être une curiosité
qui est la notre d'habitude ! Peut etre aussi cherchaient elles les
petits poissons qui trainaient autour du bateau depuis l'après midi,
Ils montaient parfois tous vers la surface lisse faisant des auréoles
sur l'eau, comme les premières grosses goutte avant l'orage.
D'ailleurs le bruit qu'ils faisaient en devenait comique de
ressemblance, pas besoin de beaucoup d'imagination.
N'empêche
que je n'étais qu'a moitie rassure en pensant que pour sortir aussi
prés et aussi souvent, il devait y en avoir une sacre quantité au
dessous .Il m'est revenu cette stupide histoire de couleur
d'antifouling, supposée faire que les baleines ne confondent pas ton
bateau avec une autre baleine pour lui faire l'amour... Faut vraiment
n'etre qu'un homme pour imaginer un truc aussi con !
Ah, et bien sur il y avait aussi les dauphins... leur souffle
court se reconnaît bien, ainsi que leur petits crissements comme
lorsqu'ils cherchent a imiter Flipper !
Reste de la nuit sympa, comme le moteur tournait, j'ai pu
sélectionner et traiter mes photos, et preparer la route pour
entrer; Heureusement, comme par hasard ( ?) j' avais ce guide
américain, bien fait , Charlie's Charts, Je dis stupide, car il fait
un guide complet, de Seattle jusqu'en Californie, pour dire : c'est
dangereux, mieux vaut éviter !
Ce matin, la découverte du Cap Reyes tout noir avec son phare
perche sortant difficilement de la brume fut un grand moment, que
j'ai prolonge pour en profiter, et attendre qu'il sorte un peu de son
enveloppe de nuit et de brumes, Il était 05h et je voulais profiter
tranquillement de mes pankakes, et de l'impression très forte de
cette terre retrouvée ( car rien vu depuis Flatery et la sortie de
Juan de De Fuca ) qui s'annonce avec une corne... Je voulais dire
sirene, mais je ne trouve pas approprie ; sur les cartes ils disent
HORN !
ps je remets cette photo plus loin en grand; sont un peu "djust" coté photos chez vox !
et Re: je me suis presente sous le pont vers 13h, et la renverse était à 12h 45, sur
l'annuaire des marées trouvé à la marina ! je voudrais pas être là dedans au max du courant avec du vent, ça doit être purement diabolico
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